Le Blog de la Grizzly Team, des amateurs de ski de montagne de la région chambérienne. Ils font aussi du VTT, du trail, de la rando mais ça, c'est juste pour s'occuper en attendant la peuf, la blanche, la powder ... bref la neige.

Enfin comme dit Seb : "Faut arrêter avec internet !"

jeudi 23 septembre 2010

Le TORDESGEANTS 2010 - Un truc un peu fou

Etant pré-inscrit sur cette course, cela fait donc plusieurs mois que ma vie est rythmée par ce gros morceau et surtout ce saut dans l’inconnu vers le « plus long trail du monde ».

Après une bonne saison de ski-alpinisme (95.000m de D+) qui s’est terminée à la Transvanoise à Pralognan, j’ai repris les baskets pour parcourir nos belles montagnes savoyardes … en courant.

Mon co-équipier habituel m’ayant proposé le GR20 en 3 jours de juin, j’ai dû m’activer pour me présenter sur l’Ile de Beauté bien affuté. Essai transformé en 3 jours …. et ½, la faute à une météo dantesque du côté de Melo-Capitello et du refuge de Pietra-Piana. Mais c’était très formateur.
Merci également à Rolland, notre assistance, présent tout au long du parcours.

Cet enchainement s’est révélé idéal en vue de l’échéance valdotaine du mois de Septembre : terrain difficile, dénivelé intéressant comme les distances journalières à parcourir.

Après un été studieux (reco de l’alta via n°2 avec le fiston, tour off de la Lauzière, ….) ainsi qu’un entrainement costaud (merci Gildas pour le fractionné au mois d’Août), j’ai terminé la prépa par 2 semaines de relâchement, assez dures également (pas facile de ne faire que quelques jogging).

Pour le Tor, j’ai réussi à convaincre Jeannot, autre pote de ski pour m’accompagner dans cette aventure (il avait déjà à son actif, la Patrouille des Galciers et le Mezzalama). C’est donc à deux que nous partîmes samedi 11 en direction de Courmayeur via le col du Petit Saint Bernard.

Après la récupération du dossard, du sac de ravito, nous repérons le départ dans la vieille ville puis c’est la dernière sieste avant la pasta-party au centre des sports de Dolonne.
Il règne déjà une ambiance un peu spéciale tant cette course parait démesurée avec ses 24.000m de D+.

Une bonne nuit de sommeil au Vieux Pommier et nous voilà fin prêts pour affronter la Vallée d’Aoste.

Certes avec quelques 300 coureurs, ce n’est pas l’UTMB mais la convivialité exulte, tout le monde se connait ou presque.

10h02 sonne l’heure du départ, chacun prend son rythme. J’essaye de me placer aux avant-postes avant le premier single track et me retrouve ainsi avec Corinne Favre, Christophe Lesaux et Guillaume Millet.

C’est assez euphorique et la fin du col d’Arp est avalée à plus de 900m/h. Je décide de laisser filer dans la descente, pas envie de se griller tout de suite. Il fait très, très chaud pour notre arrivée sur le Thuile surtout qu’une portion de route assez longue ne me facilite pas la tâche.
Ravito au sortir du village, Jeannot est déjà fidèle au poste (il ne manquera qu’un seul RDV sur la totalité des 335km), je ne prends pas grand-chose et repars en direction du refuge Deffeyes.
Je suis super heureux de revenir sur ce secteur, parcouru au mois de Juillet dernier avec mon fiston.

La montée s’effectue avec AnneMarie Gross, futur lauréate et 4e au scratch.
Vient ensuite le Passo Alto et sa descente bien alpine dans un pierrier, Promoud et son ravito fort animé (merci pour les fameux boudins à la betterave du Val d’Aoste).

Je repars vers le magnifique col Crosatie en compagnie d’une canadienne (qui répète à tout va : « Good job ») et d’un italien.
Vent très frisquet au sommet m’obligeant à mettre la veste avant le grand plongeon de 1300m sur Planaval. Je discute un peu avec Ultra-Steph avant de retrouver mon assistance à l’hôtel Paramount.

Une dernière piste vallonnée et je me présente à Valgrisenche en compagnie de Serge et Nico. C’est la première base vie, déjà 49km de parcourus.
Certains s’arrêtent mais après une petite collation (soupe aux vermicelles, le reste ne passant pas), je ré-embraye, changé pour la nuit, en compagnie d’Etienne et Ultra-Steph.

Passage au refuge de l’Epée, un bon thé avant d’affronter le col Fenêtre, le temps se bâche et nous ne trainons pas. Descente bien engagée avant une bonne « drache » 300m avant Rhême (c’était encore plus dur pour ceux derrière nous).

J’arrive au village bien trempé mais Jeannot est déjà là, je décide de faire un somme dans la voiture et de laisser passer la pluie.

Lundi 5h10, je décolle après avoir dormi 2 cycles (3 heures), le mauvais est passé et le sentier à peine mouillé pour affronter le col Entrelor (3007m). Je suis reparti en 80e position et commence à doubler les coureurs ayant passé la nuit dehors. Le col est vite avalé et je tombe sur un sympathique belge, Fabrice, à la descente. Nous discutons pas mal en courant et arrivons faciles à Eaux Rousses.

Ravito express avant d’entamer la longue ascension du col Loson (3300m), THE HIGH POINT. Dur, dur sur les 100 derniers mètres dans les schistes, le chemin étant très raide (et dire que Jean-Seb, mon fils, courait là-dedans en Juillet).

Avec Fabrice, on gère notre affaire chacun de son côté, passage au refuge Sella, Valnontey puis Cogne où nous nous retrouvons (c’est la seconde base-vie).

J’en profite pour prendre une douche, soigner les petits bobos et surtout bien manger (l’appétit est revenu).

Nous repartons tranquillou en direction de Lillaz puis entamons la montée vers le refuge Sogno puis la Fenestra di Champorcher. Encore une fois, Jeannot est là à m’attendre.

Fabrice préfère lever le pied dans le col et je file sur Dondenna où je retrouve Manu (alias rapace74), un petit bout ensemble puis vient l’interminable descente sur Donnas (2500mde D-au total).

Là, je vais sacrément morfler. D’abord Champorcher, balisage un peu juste, des immenses marches dans la nuit. Je peste comme c’est pas permis au ravito. Le plus drôle c’est que je vais tellement les marquer que je vais les retrouver à l’arrivée mes nouveaux supporters !!!
La suite (encore 19km), c’est pas mieux surtout que mon arrêt programmé à Pont-Boset n’aura pas lieu (l’organisation voulant qu’on pousse jusqu’à Donnas).

Bref, c’est vers 2h30 du mat’ que je me présente au point bas (300m). En plus, pas de sac de ravito (oublié à Cogne par les organisateurs), je suis obligé de réveiller Jeannot. Il m’aide à me calmer avec l’aide de forts sympathiques volontaires. Je prends une douche, me masse, mange un bout mais impossible de dormir dans le dortoir surchauffé. La tête ne tourne pas bien rond.

Finalement, je roupille une heure dans la voiture avant de repartir vers 7h30 en direction du refuge Coda. Un petit passage dans les vignes, un détour par Perloz (magnifique), un pont en pierres et c’est la montée (1800m) vers ce beau nid perché au sommet des montagnes.

Il fait grand beau, le moral est revenu, en avant la musique. Petite pause au restaurant l’Etoile du Berger puis le refuge, superbe.

Vient ensuite une partie de montagnes russes passant par le Lago Vargno, le col Marmontana et surtout la Crenna dou Leui (je me croyais en Corse). Je fais un bout avec Fabrizio, un piemontais d’Yvrea avant de finir par Niel et Gressoney en compagnie de Corinne Favre.

Super nuit à Gressoney (3 cycles), je pensais repartir avec Corinne mais elle a déjà pris la poudre d’escampette. Je fais donc la montée du col Pinter que je connais bien en compagnie de Paolo et double Raymond l’Alsacien (V3, chapeau) qui commence à payer son manque de sommeil.

Encore une super journée et je me régale entre Crest et le refuge Ferraro. Petite pause à Saint-Jacques (avec Jeannot bien sûr) et ascension du col de Nannaz (2772m) puis celui des Fontaines (2695m) avant le ravito de Valtournenche (Cretaz). Je me change, prend un excellent plat de pates mais file rapidement vers l’inconnu, un grand cirque commençant à la Fenêtre d’Ersaz pour finir au col de Vessonaz (2793m). J’au eu la chance faire cette partie de jour, heureusement. C’est très, très beau avec le coucher de soleil, le sentiment d’être seul au monde, le TOP.

Je m’attarde un peu au bivouac Clermont à discuter, ça fait du bien puis me concentre sur la descente du col de Vessonnaz en direction d’Oyace (Closé – 1456m).

Je suis dans le dur quand enfin je retrouve Jeannot venu à ma rencontre. Il m’oblige à faire uns pause qui s’avèrera salvatrice. J’ai droit aux petits soins de l’équipe médicale ainsi qu’à 1h30 de sommeil. L’arrivée de Mickaël, ronflant et toussant, marque la fin de ma nuit et je repars en direction du très raide col Brison.

Rencontre insolite dans la nuit avec Walter, un peu stone qui repartait en sens inverse sans mon arrivée (il avait déjà 400m de D- au compteur).

Arrivée au petit matin à Ollomont (où Jeannot se trouve déjà). Encore une douche, un plat de pâtes et une micro-sieste de 20 minutes avant d’entamer le dernier secteur. Celui-ci débute par le col du Champillon (2709m) qui m’accueille avec un vent glacial malgré le soleil.
Mon releveur droit ainsi que ma voute plantaire commencent à bien me faire souffrir, j’essaye de ne pas trop y penser.

Je double Paolo dans la descente, les genoux en vrac mais il continue d’avancer (chapeau, mec !).
Petit arrêt à Ponteilles (les bénévoles sont toujours aussi charmants) puis longue piste vers Saint-Rhémy, je me mets même à courir.

Re-pause, Jeannot réussissant même à me faire quelques pâtes et j’attaque tranquille mon dernier col, le Malatra (2925m), ça commence à sentir l’écurie.

Petit fourvoyage dans les chemins avant le lac Merdeux mais finalement je franchis ce col dans une ambiance lunaire, le mauvais temps approche mais me laissera tranquille jusqu’à Bonatti où je retrouve Jeannot. Nous nous attardons un peu à discuter avec les gardiennes mais ça fait un bien fou.

Reste plus que le classique Bonatti-Courmayeur, bien connu des UTMBistes. Je passe plutôt bien la partie de jour jusqu’à Bertone mais me galère bien dans la descente, la voute plantaire en feu.

Enfin l’entrée de Courmayeur que je parcours avec Jeannot, je savoure ces derniers instants, je pleure un peu tellement content de ces mois d’entrainement, des douleurs qui ont disparu (hanches et abdo), de ces rencontres improbables, …

Je franchis la ligne jeudi soir en 107h04’, 17e position (normal avec le dossard 17) et 4e senior (encore une médaille en chocolat) et je suis HEUREUX !!! Mes supporters valdotains sont là comme promis et j’attends encore jusqu’à minuit que mes mais arrivent, Paolo, Fabrizio, Walter, Gidéon, Mickaël,…

Bref quand enfin, on se bouge, c’est dur de trouver où dormir. Encore une fois, le Jeannot nous débrouille l’affaire avec douche, lit sous tente, …
Ne voulant pas terminer cette course au milieu de la nuit, je suis retourné le dimanche à Courmayeur comme la plupart des 164 arrivants. Encore une belle fête que cette remise des prix, toujours dans une immense convivialité toute valdotaine.


Un « grandissimo » merci à cette région formidable et à ses habitants.

Danny le Grizzly – dossard 17

2 commentaires:

  1. Un truc un peu fou pour un grizzly … un peu fou ? Non, tu es allé au bout de ton rêve. Bravo !
    Merci de me le faire partager, moi pour qui ce serait vraiment une folie.
    Mais avec un copain qui participe, je m’y imagine un peu …
    Bravo aussi à Jeannot pour son assistance super pro comme d’hab !
    A bientôt sur les skis, la neige arrive !
    Bernard

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  2. bien danny ....... t'auras de quoi raconter pendant les longues montées de cet hiver...c'est bien ça.manu

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